Les enseignants de l’UQAM doivent élargir leur lutte
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Les enseignants de l’UQAM doivent élargir leur lutte
Les professeurs qui sont sans convention collective depuis 2007 et ils ont voté pour sortir en grève la semaine prochaine, c'est à suivre.
Cet article a parue sur le site http://www.wsws.org
PES - Parti d'Égalité Socialiste
WSWS : Nouvelles et analyses : Canada
Les enseignants de l’UQAM doivent élargir leur lutte
Par Éric Marquis
14 mars 2009
Le World Socialist Web Site appuie les professeurs et maîtres de langue de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), qui ont voté à forte majorité pour sortir en grève la semaine prochaine afin de défendre leurs conditions de travail. Sans convention collective depuis 2007, ils réclament notamment des salaires équivalents à ceux que gagnent leurs collègues dans les autres universités canadiennes.
Mais pour que cette lutte aille de l’avant, les enseignants doivent dépasser le cadre limité imposé par la direction syndicale et lancer un appel à leurs collègues, aux étudiants et aux travailleurs. Ce conflit n’est pas un simple exercice de négociation entre l’administration de l’UQAM et le syndicat des professeurs. Son véritable enjeu est la défense d’un système d’éducation de qualité et accessible à tous, contre la subordination de la vie économique aux lois du marché.
Le capitalisme mondial vit sa pire crise depuis la Grande Dépression des années 1930. Les gouvernements ont réagi en injectant des centaines de milliards de dollars, l’argent des contribuables, pour sauvegarder les fortunes des spéculateurs et des gros actionnaires. Il en est autrement pour les travailleurs à qui l’on demande de payer, par leurs emplois et leurs conditions de travail, pour l’insouciance et la criminalité de la mince couche privilégiée responsable de cette crise. En refilant la facture à la classe ouvrière, la classe dirigeante est amenée à réduire encore plus les services publics et les programmes sociaux, y compris l’éducation.
Selon un rapport publié en février dernier par l’Educational Policy Institute, un groupe de réflexion international qui se consacre à l’étude de « l’accessibilité de l’éducation », la crise économique aura des impacts majeurs sur l’éducation postsecondaire au Canada. Le pays pourrait « entrer dans un état où les revenus disponibles par élève diminueraient de façon permanente ».
Invoquant la diminution des subventions gouvernementales et les pertes massives encourues par les régimes de retraite et les fonds de dotation des universités, le document donne un aperçu des mesures qui pourraient être nécessaires : gel des salaires, report des travaux d’entretien, augmentation des frais de scolarité, suppression de programmes de financement pour les étudiants.
L’élite dirigeante va s’inspirer des coupes budgétaires imposées au milieu des années 1990 par le gouvernement libéral fédéral de Chrétien/Martin, qui avait charcuté les transferts aux provinces pour le financement de la santé et de l’éducation. Au Québec, le gouvernement péquiste de droite de Lucien Bouchard avait lui aussi réduit considérablement les dépenses en santé et en éducation. Entre 1996 et 1998, sous le mot d’ordre du « déficit zéro » et avec l’appui de la bureaucratie syndicale, le Parti québécois avait amputé le budget annuel destiné à l’éducation de 1,9 milliard de dollars.
Quant aux libéraux de Jean Charest, au pouvoir depuis 2003, ils ont poursuivi l’assaut sur les services publics par une vaste campagne de privatisations impliquant notamment des partenariats public-privé (PPP). C’est ce gouvernement qui a imposé, avec l’appui du Parti québécois et de l’Action démocratique du Québec, le dégel des frais de scolarité aux étudiants de la province. Cette semaine, Charest a annoncé que le prochain budget du Québec, prévu le 19 mars, imposera de nouveaux sacrifices à la population.
Les professeurs doivent se méfier de leur direction syndicale dont la perspective mène droit à un cul-de-sac. L’« escalade des moyens de pression » si prisée par cette direction sert à démoraliser les enseignants et à les maintenir isolés des autres travailleurs.
Ces dernières années ont vu une prolifération des chargés de cours à des conditions salariales bien moindres que les enseignants. En 2004-05, les professeurs assumaient 47 pour cent des cours, tandis qu’en 2007-08, seulement un peu plus de 40 pour cent des charges de cours au premier cycle étaient données par des professeurs. Les syndicats concernés, le SPUQ et le SCCUQ, tous deux affiliés à la CSN (Confédération des syndicats nationaux), ont laissé faire, aidant ainsi l’administration de l’UQAM à faire des économies aux dépens du corps enseignant. Dans le conflit actuel, les chargés de cours n’ont pas été appelés par le SCCUQ-CSN à soutenir la grève.
L’an dernier, les syndicats de l’UQAM avaient refusé d’appuyer officiellement une grève lancée par les étudiants contre la tentative de l’UQAM de faire payer les étudiants et les employés pour son manque de financement. Avec leur campagne « J’appuie l’UQAM », les syndicats tentent essentiellement de ramener les travailleurs et les étudiants derrière la direction de l’Université et son plan de redressement, qui doit être présenté avant le 31 mai. Ce plan cherche à convaincre le gouvernement du bienfondé d’un « réinvestissement pour l’UQAM » en promettant de rendre celle-ci aussi « compétitive » que les autres universités de la province.
Les enseignants de l’UQAM doivent sortir du carcan que leur impose leur direction syndicale et se tourner vers ceux qui refusent comme eux de faire les frais d’une crise pour laquelle ils n’ont aucune responsabilité : les travailleurs, la grande majorité de la population. Les étudiants et les jeunes doivent eux aussi se tourner vers les travailleurs et lancer un appel pour la défense du système d’éducation et pour l’égalité sociale. Un tel appel résonnerait avec force dans une population assiégée qui vit fondamentalement les mêmes problèmes.
Cette perspective se démarque de celle mise de l’avant par les étudiants du Comité anticapitaliste de l’UQAM. Ce comité se montre réticent, sinon hostile, à la lutte des enseignants, sous prétexte que « le corporatisme de [cette] couche aisée » aura des répercussions négatives pour les étudiants. L’IEES rejette cette position qui aurait bien pu être avancée par l’administration de l’UQAM ou le gouvernement du Québec.
Pour aller de l’avant, il faut bâtir un mouvement politique indépendant de la classe ouvrière pour la défense de ses intérêts communs. Cette lutte doit avancer un programme socialiste visant à satisfaire les besoins humains et non la soif de profits d’une petite minorité.
Cet article a parue sur le site http://www.wsws.org
PES - Parti d'Égalité Socialiste
WSWS : Nouvelles et analyses : Canada
Les enseignants de l’UQAM doivent élargir leur lutte
Par Éric Marquis
14 mars 2009
Le World Socialist Web Site appuie les professeurs et maîtres de langue de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), qui ont voté à forte majorité pour sortir en grève la semaine prochaine afin de défendre leurs conditions de travail. Sans convention collective depuis 2007, ils réclament notamment des salaires équivalents à ceux que gagnent leurs collègues dans les autres universités canadiennes.
Mais pour que cette lutte aille de l’avant, les enseignants doivent dépasser le cadre limité imposé par la direction syndicale et lancer un appel à leurs collègues, aux étudiants et aux travailleurs. Ce conflit n’est pas un simple exercice de négociation entre l’administration de l’UQAM et le syndicat des professeurs. Son véritable enjeu est la défense d’un système d’éducation de qualité et accessible à tous, contre la subordination de la vie économique aux lois du marché.
Le capitalisme mondial vit sa pire crise depuis la Grande Dépression des années 1930. Les gouvernements ont réagi en injectant des centaines de milliards de dollars, l’argent des contribuables, pour sauvegarder les fortunes des spéculateurs et des gros actionnaires. Il en est autrement pour les travailleurs à qui l’on demande de payer, par leurs emplois et leurs conditions de travail, pour l’insouciance et la criminalité de la mince couche privilégiée responsable de cette crise. En refilant la facture à la classe ouvrière, la classe dirigeante est amenée à réduire encore plus les services publics et les programmes sociaux, y compris l’éducation.
Selon un rapport publié en février dernier par l’Educational Policy Institute, un groupe de réflexion international qui se consacre à l’étude de « l’accessibilité de l’éducation », la crise économique aura des impacts majeurs sur l’éducation postsecondaire au Canada. Le pays pourrait « entrer dans un état où les revenus disponibles par élève diminueraient de façon permanente ».
Invoquant la diminution des subventions gouvernementales et les pertes massives encourues par les régimes de retraite et les fonds de dotation des universités, le document donne un aperçu des mesures qui pourraient être nécessaires : gel des salaires, report des travaux d’entretien, augmentation des frais de scolarité, suppression de programmes de financement pour les étudiants.
L’élite dirigeante va s’inspirer des coupes budgétaires imposées au milieu des années 1990 par le gouvernement libéral fédéral de Chrétien/Martin, qui avait charcuté les transferts aux provinces pour le financement de la santé et de l’éducation. Au Québec, le gouvernement péquiste de droite de Lucien Bouchard avait lui aussi réduit considérablement les dépenses en santé et en éducation. Entre 1996 et 1998, sous le mot d’ordre du « déficit zéro » et avec l’appui de la bureaucratie syndicale, le Parti québécois avait amputé le budget annuel destiné à l’éducation de 1,9 milliard de dollars.
Quant aux libéraux de Jean Charest, au pouvoir depuis 2003, ils ont poursuivi l’assaut sur les services publics par une vaste campagne de privatisations impliquant notamment des partenariats public-privé (PPP). C’est ce gouvernement qui a imposé, avec l’appui du Parti québécois et de l’Action démocratique du Québec, le dégel des frais de scolarité aux étudiants de la province. Cette semaine, Charest a annoncé que le prochain budget du Québec, prévu le 19 mars, imposera de nouveaux sacrifices à la population.
Les professeurs doivent se méfier de leur direction syndicale dont la perspective mène droit à un cul-de-sac. L’« escalade des moyens de pression » si prisée par cette direction sert à démoraliser les enseignants et à les maintenir isolés des autres travailleurs.
Ces dernières années ont vu une prolifération des chargés de cours à des conditions salariales bien moindres que les enseignants. En 2004-05, les professeurs assumaient 47 pour cent des cours, tandis qu’en 2007-08, seulement un peu plus de 40 pour cent des charges de cours au premier cycle étaient données par des professeurs. Les syndicats concernés, le SPUQ et le SCCUQ, tous deux affiliés à la CSN (Confédération des syndicats nationaux), ont laissé faire, aidant ainsi l’administration de l’UQAM à faire des économies aux dépens du corps enseignant. Dans le conflit actuel, les chargés de cours n’ont pas été appelés par le SCCUQ-CSN à soutenir la grève.
L’an dernier, les syndicats de l’UQAM avaient refusé d’appuyer officiellement une grève lancée par les étudiants contre la tentative de l’UQAM de faire payer les étudiants et les employés pour son manque de financement. Avec leur campagne « J’appuie l’UQAM », les syndicats tentent essentiellement de ramener les travailleurs et les étudiants derrière la direction de l’Université et son plan de redressement, qui doit être présenté avant le 31 mai. Ce plan cherche à convaincre le gouvernement du bienfondé d’un « réinvestissement pour l’UQAM » en promettant de rendre celle-ci aussi « compétitive » que les autres universités de la province.
Les enseignants de l’UQAM doivent sortir du carcan que leur impose leur direction syndicale et se tourner vers ceux qui refusent comme eux de faire les frais d’une crise pour laquelle ils n’ont aucune responsabilité : les travailleurs, la grande majorité de la population. Les étudiants et les jeunes doivent eux aussi se tourner vers les travailleurs et lancer un appel pour la défense du système d’éducation et pour l’égalité sociale. Un tel appel résonnerait avec force dans une population assiégée qui vit fondamentalement les mêmes problèmes.
Cette perspective se démarque de celle mise de l’avant par les étudiants du Comité anticapitaliste de l’UQAM. Ce comité se montre réticent, sinon hostile, à la lutte des enseignants, sous prétexte que « le corporatisme de [cette] couche aisée » aura des répercussions négatives pour les étudiants. L’IEES rejette cette position qui aurait bien pu être avancée par l’administration de l’UQAM ou le gouvernement du Québec.
Pour aller de l’avant, il faut bâtir un mouvement politique indépendant de la classe ouvrière pour la défense de ses intérêts communs. Cette lutte doit avancer un programme socialiste visant à satisfaire les besoins humains et non la soif de profits d’une petite minorité.
Re: Les enseignants de l’UQAM doivent élargir leur lutte
Dossier intéressant a suivre....
DonCorleone- Messages : 111
Date d'inscription : 22/05/2008
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